La migraine avec aura

Migraine ophtalmique ou migraine avec aura

Article fourni à Ysabelle Silly, journaliste, pour Santé Magazine.fr du 26 septembre 2012

Cet article a été rédigé par Marie-Paule Lagrange. Revu et corrigé par le Docteur Dominique Valade, neurologue, chef de service des Urgences céphalées à l’hôpital Lariboisière à Paris.

Migraine ophtalmique

La migraine ophtalmique est une expression courante pour parler de la migraine avec aura visuelle. Cette affection fait partie de la famille des migraines.
La migraine sans aura est la plus fréquente (80 à 90% des cas). C’est un mal de tête (céphalée) bien particulier qui se manifeste par crises et est souvent accompagnée de nausées et de vomissements.
La migraine avec aura est ainsi dénommée par ceux qui en souffrent du fait des phénomènes neurologiques impressionnants qui précèdent le déclenchement de la céphalée si caractéristique de la migraine. Il est à noter que les choses ne sont pas toujours aussi simples que cela et que la phase d’aura peut parfois cohabiter avec la phase de céphalée: on parle alors de migraine accompagnée.

Comment expliquer la migraine avec aura

Dans la migraine, qui est une maladie neuro-vasculaire, la douleur de la tête ou céphalée apparait lorsque les petits vaisseaux de la tête se dilatent (ils deviennent plus gros). Et lorsqu’elle est précédée d’une «aura», ces mêmes vaisseaux se contractent (le diamètre se rétrécit) entre 15 mn et 1 heure avant l’apparition du mal de tête.

La phase d’aura se traduit d’abord par des troubles visuels: des points brillants (scotomes), des «mouches» noires, apparaissent devant les yeux. Dans d’autres cas, une plage noire coupe le champ visuel en deux et gêne la vue au point qu’il peut être impossible de conduire, par exemple. D’autres personnes peuvent voir se dessiner sous leurs yeux des dessins géométriques. On peut avoir ensuite des troubles de la sensibilité du type fourmillements ou engourdissement ainsi que des troubles du langage: difficulté ou impossibilité de parler.
Durant la phase d’aura, le malade n’a pas mal à la tête. Mais c’est après cette phase, que la céphalée peut s’installer : dans la plupart des cas le mal de tête apparait puis s’intensifie progressivement, la douleur pouvant atteindre son paroxysme au bout d’un temps variable selon les sujets, entre quelques instants et plusieurs heures. Par convention il est commode de demander au patient de noter sa douleur sur une échelle de 1 à 10.
La céphalée migraineuse se reconnait à son caractère pulsatile, la localisation unilatérale, et certains phénomènes bizarres comme l’impression qu’on vous enfonce un clou ou une vrille dans la tête. La douleur se localise également au fond de l’œil ou derrière l’œil.
Sans traitement approprié, la crise de migraine, avec aura ou sans aura, peut durer de quelques heures à 3 jours.
Cette pathologie est fréquente et bénigne mais sporadiquement très handicapante dans la vie quotidienne.

Causes

Si l’on sait que la migraine est une maladie génétique, si la migraine est très bien décrite ainsi que toutes ses variantes, si des médicaments spécifiquement dédiés au traitement de la migraine ont prouvé leur grande efficacité, il faut admettre que les causes de la migraine sont encore peu identifiées. Actuellement la première anomalie mise actuellement en évidence chez les migraineux se situe sur un locus du chromosome 8.

Il ne faut pas confondre les causes de la migraine avec les causes déclenchant la crise.

Les causes favorisant la survenue de la migraine avec aura visuelle

La plupart des personnes souffrant de migraine recherchent les causes qui ont déclenché une crise, car la migraine les surprenant le plus souvent alors qu’ils ne s’y attendent pas, ils ont toujours l’impression de s’être fait avoir et ils ont tendance à culpabiliser.
Les patients font donc la liste de tout ce qui peut avoir déclenché la crise:

  • le stress ou l’anxiété anticipatoire
  • la consommation d’alcool (notamment le vin rouge)
  • le jeûne
  • l’absence ou l’excès de sommeil
  • certains bruits
  • de fortes odeurs
  • des éclairs lumineux (stroboscopes…)
  • les règles chez la femme
  • la contraception médicamenteuse
  • les variations de climat
  • certains aliments comme le chocolat ou les fromages, le lait..
  • la cigarette

On arrive ainsi à des listes impressionnantes qui amènent certains migraineux à se priver de tout, ce qui a pour conséquence l’organisation d’une vie sans plaisirs et chez certains une tendance à s’isoler socialement.
Certes, le migraineux est très sensible aux lumières trop violentes, aux bruits excessifs ou à certaines odeurs particulières. Et il est certain que, pour calmer une crise de migraine le sommeil dans une chambre calme et dans le noir va permettre de supporter la douleur ou d’optimiser l’effet d’un médicament adapté.
Mais il vaut mieux expliquer que la crise de migraine survient quand elle veut, que c’est elle qui décide et pas nous. Dès lors, il est recommandé de vivre normalement en ayant toujours un médicament de crise sur soi de manière à pouvoir intervenir le plus rapidement possible pour bloquer la crise.

Cependant, il est certain que, chez un grand nombre de femmes, la migraine survient dans la période des règles (quelques jours avant, pendant ou après). La brusque chute des œstrogènes au moment des règles déclenche la crise de migraine. C’est pourquoi un bon moyen de limiter le nombre des crises ou de les atténuer, est de rechercher avec son gynécologue une pilule adaptée.
Les changements de rythme sont aussi des causes déclenchantes comme la fameuse migraine du weekend qui arrive le vendredi soir ou le samedi matin au moment où l’on décompresse après une semaine de travail.

Une place particulière doit être réservée au stress. S’il est inexact de dire que le stress est à l’origine de la migraine chez un individu, il est peut-être plus exact de dire qu’une situation stressante peut être à l’origine de la multiplication des crises de migraines chez un sujet migraineux et surtout que la migraine engendre du stress. C’est là que les séances de relaxation peuvent être utiles dans la mesure où elles vont permettre à la personne de quitter l’état anxieux pendant la séance et de s’habituer à être plus zen dans la vie ordinaire afin de ne pas « choper » une migraine au moment où l’on arrête brusquement son activité (weekend, départ en vacances).
Une méthode efficace consiste à apprendre à gérer sa migraine. Connaître et reconnaître la maladie et ses symptômes, comprendre les rythmes d’apparition de ses crises et de ses douleurs au cours de la crise, reconnaitre avec objectivité les causes déclenchantes. Une prise de conscience qui se fait sur plusieurs mois a pour effet de modifier, sans effort, certains éléments de son mode de vie, et les progrès redonnent espoir à celui ou celle qui étaient tombés dans le cercle vicieux des migraines à répétition.
Cet apprentissage ne peut pas se faire seul. Il faut accepter de se faire aider par un spécialiste des céphalées au cours de plusieurs consultations : neurologues, gynécologues, médecins, aidés par des psychologues ou par du personnel paramédical spécialisé des centres anti-migraine ou des centres antidouleur des hôpitaux, Institut du mal de tête.

Analyses – Examens

Le médecin établit le diagnostic de migraine grâce aux caractéristiques des maux de tête (durée des crises, espacement des crises, intensité des douleurs, symptômes), et au fait que l’examen clinique soit normal entre les crises.
Dans le cas des migraines atypiques, des examens complémentaires (Scanner, IRM, Doppler etc..) doivent être réalisés afin de s’assurer que la céphalée ou l’aura n’est pas due à certaines autres maladies.

Aucun examen par imagerie médicale n’est nécessaire pour un diagnostic de migraine commune, sauf si le patient a besoin d’être rassuré, il peut alors demander un examen complémentaire par imagerie médicale.

Traitements

Il est déconseillé de prendre des médicaments avant que la phase d’« aura » ne soit terminée car à ce moment, les vaisseaux se contractent et les médicaments qui sont des constricteurs contractent un peu plus les vaisseaux. Résultat : il n’y a aucun effet sur le mal de tête qui n’est pas encore apparu.

Le traitement de la migraine ophtalmique varie en fonction des crises, de leur durée, de leur fréquence et de leur retentissement sur la vie quotidienne.

Pour soulager les crises de migraine, un traitement avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, ketoprofène, aspirine) et/ou avec des triptans (vasoconstricteurs) se montre efficace. L’aspirine est aussi utilisée en association avec des antiémétiques (anti-vomissements et nausées).
En prévention d’éventuelles crises, un traitement de fond de la migraine est parfois instauré. A prendre sur une longue période (quelques mois à un an selon les patients et consulter de nouveau après). Ne pas prendre le même antimigraineux de fond pendant plusieurs années. Les bêtabloquants, anti-sérotoninergiques, antidépresseurs tricycliques à très petite dose permettent de diminuer la fréquence des crises.
Les personnes migraineuses doivent être suivies médicalement et toute modification de la nature de leurs migraines doit donner lieu à une consultation rapide.Pour lire l’article d’Ysabelle Silly dans Santé magazine.fr cliquez sur migraine ophtalmique

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